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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/259

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MÉPHISTOPHÉLA

loi divine ; maintenant, c’est la transgression de la loi humaine, et le supplice dont elle s’accompagne fatalement est d’autant plus affreux qu’il ne s’adoucit pas de l’espérance qu’elle sera pardonnée ; car, l’offensé, ce n’est plus un dieu, terrible puis clément peut-être, ce n’est pas quelqu’un, ce n’est pas même quelque chose ! c’est l’aveugle, le sourd, l’inexistant. Et cela, cet innommé, cet innommable, nous tient, nous oblige, nous impose des règles, nous marque des bornes. En sachant qu’il n’est point, nous sentons que nous sommes ses esclaves, et si nous ne lui obéissons pas si nous nous révoltons contre la volonté de ce néant, si nous rompons sa loi, alors s’installe en nous cette irrémédiable horreur : le mécontentement de soi-même. N’est-ce pas épouvantable d’être puni pour avoir offensé — rien ! et, puisque Dieu n’est plus, pourquoi la Conscience ?

— Oui, du champagne, répondit M. de Maël-Parbaix à une adorable petite femme habillée en marmiton de satin blanc, qui de loge en loge, offrait des sandwichs à vingt francs l’un et du moët à deux louis le verre.

Urbain Glaris reprit :

— Or, ceux-ci et celles-ci ont commis le péché, ont transgressé la loi humaine, non pas celle imposée à l’homme par les hommes, mais celle