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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/261

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MÉPHISTOPHÉLA

quérir l’inconnu, doivent-ils, en leurs efforts vaincus et bafoués, quelque consolation à la gloire de leur martyre ; punis sans doute, puisqu’ils ont rompu le cercle où se doit restreindre, pour être paisible, c’est-à-dire heureuse, la vie humaine, ils peuvent croire qu’ils le sont injustement ! et leur bel orgueil méprise la règle victorieuse. Mais ceux qu’attirèrent les gouffres inférieurs, ceux qui demandèrent au manger l’exaspération et la continuité de la faim, et en obtinrent la gastrite ; au boire, la soif encore après l’étanchement, et en obtinrent la nausée ; au baiser, l’excès du plaisir et des dépravations subtiles, et en obtinrent le dégoût et l’impuissance ; ceux qui, violents ou raffinés, furieux ou méthodiques, voulurent contraindre leurs sens à l’au-delà des sens, développer jusqu’au monstre la bête qui était en eux ; ah ! ceux-là, ce n’est pas seulement les déboires des vains désirs, ni l’ennui enfin de l’excessif, ennui le pire de tous, irrémédiable, puisqu’il fut causé par cela même qui le pourrait distraire, ce n’est pas seulement l’horreur de l’habitude ramenant aux insuffisantes outrances, ni tout l’écœurement de tout, qui les châtie et les navre. Non, parce qu’ils sont les Pécheurs, parce qu’ils ont transgressé le strict devoir, le remords est en eux, et ne les