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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/380

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MÉPHISTOPHÉLA

la nuit. Il se serait peut-être fâché, s’en serait allé. Et ils ne prononçaient pas un mot. Ils arrivèrent à l’hôtel. Elle demanda une chambre, le garçon cligna de l’œil en reconnaissant Magalo. « Le 5 est libre, voici la clé, le feu est préparé, vous n’aurez qu’à allumer le fagot avec la bougie. » Ils montèrent un escalier déciré, étroit, qui tourne court, s’arrêtèrent au premier étage. Elle avait si froid que le chandelier lui tremblait dans la main gauche, la clé dans la main droite ; elle avait peine à trouver la serrure. Enfin, ils entrèrent. La chambre, plus longue que large, avait l’air d’un corridor vers une seule fenêtre ; un carrelage rouge, avec une descente de lit partout effrangée ; aux murs, du papier gris, à fleurs roses, déteintes par l’humidité ; et, sur la cheminée de bois noir peint de veines de marbre, entre deux candélabres de faux bronze, où manquaient des bras, une pendule dédorée, sans globe, sur un socle d’acajou. Mais le feu qui s’alluma vite mit dans ce morne lieu une gaieté de crépitement et de flammes. Magalo regardait le lit. Dans un lit, on s’étend, on se tourne, on s’étire. C’eût été bien meilleur, toute seule. Enfin il fallait se résigner, gagner son argent. Il ne resterait peut-être pas jusqu’au matin, ce monsieur ? Elle se déshabilla très vite, mit sa robe, ses