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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/397

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MÉPHISTOPHÉLA

Je t’en prie, ce mauvais esprit, ne l’écoute plus, renvoie-le. Tu es toute pâle ! tu as les traits crispés ! tu as du feu dans les yeux ! Peut-être le diable se remue dans ton corps ; il se met en colère, à cause de ce que je dis ; il te donne de mauvais conseils ; écoute les miens. Je suis comme ton bon ange, qui te parlerait. Un drôle d’ange, n’est-ce pas ? qui n’a pas les ailes bien blanches. Ça ne fait rien, il sait ce qu’il dit, cet ange-là, qui est une pas grand’chose, il sait ce qu’il faudrait faire pour être heureuse, justement parce qu’il a fait tout le contraire, et comme il s’en va en enfer, il connaît le chemin de n’y pas aller. Non, ce que j’en ai pleuré de larmes qu’on boit avec le cognac et qui lui donnent un mauvais goût ! Et c’est peut-être vrai que le diable vous fait cuire dans des chaudières ou griller sur des grils. Je voudrais bien que ça servît à ton bonheur sur terre et à ton salut, que j’aie eu tant de chagrin dans la vie et que je sois damnée.

La tête de Magalo, après un soupir, retomba sur son oreiller, les yeux grand ouverts et fixes.

Depuis un instant, la baronne d’Hermelinge ne la regardait plus. Elle se sentait troublée, étrangement. Les paupières closes, elle entendait en elle, — prolongées comme d’écho en écho jusqu’au fond de sa conscience — les pa-