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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/398

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MÉPHISTOPHÉLA

roles de Magalo. Proférées au moment où Sophor supputait ce qu’il y avait d’elle-même en cette mourante, ce qui, d’elle, allait s’éteindre et pourrir avec ce corps, elles étaient comme un conseil qu’une partie de son être aurait donné à l’autre ; et ce qu’il y avait de niais bavardage et de souvenirs de puéril catéchisme dans les paroles de Magalo, se solennisait de l’heure mortuaire, du tombeau prochain. Et voici que le Rire lui sonna dans l’oreille ! non point doucereux et insinuant comme naguère, mais violent, victorieux, avec la fierté d’un maître qui raille. Alors, elle eut peur ! elle se pencha désespérément sur Magalo pour lui demander de parler encore, de rétracter ce qu’elle avait dit, — avec un instinct aussi, elle, vivante et forte, d’être protégée et sauvée par cette faiblesse expirante. Mais elle se releva en poussant un cri, Magalo ne bougeait plus, ne respirait plus, était morte. Sophor s’écarta d’un bond, tomba dans le fauteuil en face du lit, et, parce qu’elle ne savait pas à quelle minute la pauvre créature avait rendu l’âme, parce que Magalo avait balbutié qu’elle était sortie de la mort pour dire d’utiles paroles, Sophor se demandait, affolée, si ce n’était pas d’outre-vie que lui était venu cet avertissement.