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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/410

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MÉPHISTOPHÉLA

sidéra passionnément les sujettes de son souverain désir. Sans s’asseoir, elle prit des mains de Valentine Berthier un verre de Bohême, grand comme un vidrecome, et d’où fluait de la mousse. Elle le vida, le remplit de champagne, le vida encore ; l’enthousiasme du vin, épars dans toute elle, flamboya dans ses yeux, lui alluma la bouche. Elle voulut boire encore, ordonna qu’on bût à son exemple. Qu’avait-elle donc besoin d’écarter de son esprit ? se préoccupait-elle toujours du sinistre bavardage de Magalo ? ne s’était-elle pas entièrement persuadée de la beauté de ses joies et de son droit à les posséder ? elle vida pour la quatrième fois, d’un effort, le grand verre. Et voici que, au milieu des odeurs de viandes et de chairs, parmi le furieux éclat des lampes et des torchères qui moiraient d’or et de flammes les faces, les épaules, les gorges, dans l’ardent tumulte de ce troupeau de filles, dont les baisers sonnaient impudemment, la baronne Sophor d’Hermelinge vit s’édifier la chimère d’un délicieux et formidable sabbat où la multitude des belles sorcières et des possédées dit la messe blasphématrice du viril amour. Le grand hall avec ses colonnes de marbre noir, se prolongeait comme un temple illuminé pour quelque glorieuse céré-