Aller au contenu

Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/417

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
407
MÉPHISTOPHÉLA

comme des trous d’or roux, dans la splendeur irritée de son diadème, l’impatience d’un dieu à qui l’on tarde d’offrir les offrandes qui lui plaisent.

Parmi la foule écartée, s’avancèrent, vêtues non de lin ni de soie mais de sang rouge, tout frais, des femmes qui avaient des couteaux à la main ; elles ressemblaient à des sacrificatrices empourprées encore d’une hécatombe. Derrière elles on entendait s’enfuir en poussant de grands cris des mères qui tenaient leurs petits dans leurs bras ! Les sanglantes femmes élevaient vers l’autel des corbeilles où palpitaient les virilités des mâles nouveau-nés ; elles versèrent comme d’étranges fleurs ces offrandes aux pieds de la Démone ; celle-ci fit un signe ; et tout à coup, surgis avec des grognements et des grondements, des porcs sauvages se ruèrent, envahirent l’autel, et, tandis que riait formidablement la vivante idole, ils mangeaient l’avenir saignant des races.

Alors la Maîtresse, satisfaite, désigna d’un regard celle à qui la communion serait donnée, à qui de nouveaux secrets seraient révélés afin qu’elle les enseignât à son tour ; et ce fut Sophor qui, parmi l’agitation des odorantes chevelures, gravit glorieusement les marches de l’autel vers le rayonnant et fauve ostensoir. Toutes les