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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/431

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MÉPHISTOPHÉLA

morose ou emportée. Voyons, dis, je ne suis plus en colère, je n’ai plus de ridicules soupçons, je suis raisonnable ! tu peux donc me parler sans gronderie, avec bonté. Pourquoi es-tu ainsi avec moi ? Est-ce que je t’ai fait quelque chose ? Si tu as à te plaindre de ta Céphise, dis-le, pour qu’elle s’excuse. Non, elle n’a rien à se reprocher. Ce que tu veux, je le veux. Toujours j’attends ta parole, ou je guette ton regard, pour t’obéir tout de suite. Quand je ne suis pas auprès de toi, sais-tu à quoi je pense ? aux mots que je dirai quand nous serons ensemble, aux airs que j’aurai pour que tu sois contente, pour que tu me souries, pour que tu touches mes cheveux avec ta main, tu sais, derrière le cou, comme tu faisais dans les premiers temps, comme tu ne fais plus aujourd’hui. Et tu sais bien que depuis cinq ans, je n’ai d’amour que pour toi, que pour toi seule. Dame, tu devines, jolie comme je suis, — car enfin je ne suis pas laide, n’est-ce pas, je ne suis pas laide ? — des hommes ont rôdé autour de moi, des riches, des célèbres ; des femmes aussi, qui espéraient, parce qu’elles savaient… Mais, des hommes et des femmes, je ne m’en soucie guère, puisqu’il n’y a que toi au monde. Écoute et promets-moi de ne pas rire. Tu te rappelles ton grand portrait, en amazone, que tu m’as donné ?