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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/436

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MÉPHISTOPHÉLA

vainement. Pas une fois la pensée ne lui vint que Sophor avait pu s’éprendre de l’une de ces médiocres créatures, Yvonne Lérys, ou Valentine Bertier, ou Rosélia Fingely. Elle n’ignorait point les rencontres de son amie, certains jours, avec ces filles ; même Sophor lui avait avoué l’étrange soir où, bouleversée de l’agonie de Magalo et des paroles entendues, furieuse d’avoir un moment fléchi en son orgueil, et révoltée et pleine d’une démoniaque ivresse, éperdue aussi du grand verre quatre fois vidé coup sur coup, elle avait vu se développer une banale débauche de filles jusqu’à la splendeur comme vivante et tangible, peut-être réelle, d’un magnifique et prodigieux sabbat ! Certes, Céphise qui la voulait toute, puisqu’elle se donnait toute, avait souffert de ces folies de Sophor ; mais elle était sûre qu’en ces aventures perverses, l’infidèle ne se livrait pas entière, réservant à la mieux chérie son cœur, son esprit, ses vrais désirs. Au reste, ces femmes, et d’autres, pareilles, Sophor avait cessé peu à peu de les recevoir. C’était donc d’un autre côté qu’il fallait chercher la rivale, assez belle, assez éprise ou assez réservée — car il y a une toute-puissance dans le refus des baisers — pour captiver Sophor. On avait parlé, récemment, au foyer de la Comé-