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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/451

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MÉPHISTOPHÉLA

n’ayez pas revu Sophor, car, tenez, j’avais emporté ceci.

Elle lui montra le stylet, la petite tête de mort aux yeux de rubis ; tandis que Silvie reculait, épouvantée, les yeux de Céphise s’allumaient à la lueur de l’acier.

— Mais, enfin, je vous crois, adieu.

Et elle s’en alla sans autre parole. La croyait-elle en effet ? Oui. Non. La voix de Silvie lui avait paru sincère. Mais, malgré elle, elle se sentait attachée à son soupçon de naguère, ne s’en pouvait entièrement divertir ; comme on ne guérit pas sans une espèce de regret d’un mal dont on a beaucoup souffert ; il semble que l’on tienne à ce qu’on y a mis, si douloureusement, de soi-même. D’ailleurs, pas de guérison en effet. L’angoisse subsistait, plus torturante au contraire d’être sans objet précis. La même jalousie exacerbée par l’incertitude de la vengeance. Eh bien ! ce qu’il fallait faire, c’était tout simple. Il fallait, sans laisser rien paraître des tourments intérieurs, épier Sophor, la suivre, la faire suivre, découvrir enfin l’exécrable rivale ; et, le jour où elle la tiendrait, que ce serait délicieux et effrayant ! d’autant plus exquis que ce serait plus terrible. Elle prévivait l’heure de meurtre et de joie. Dans un décor