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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/459

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MÉPHISTOPHÉLA

tait le retour, la complimentait de cette fidélité à sa tâche. Ce furent des mois de fantaisie et d’amusement, — de vanité satisfaite. Elle eut de folles gaietés, pour avoir été obligée de se cacher, comme un amant de vaudeville, dans une armoire, au bruit des pas d’un jaloux ; pour avoir emmené souper quelque belle fille à l’heure même où elle était attendue par un très sérieux amant ; pour avoir fait manquer son entrée, dans l’opérette nouvelle, à la divette des Bouffes ou des Nouveautés ; et elle promena des dames de province dans la débauche des concerts-spectacles et des restaurants nocturnes. Elle fut pendant deux jours, ayant dit à Céphise : « Je vais en voyage, ne t’inquiète pas, » — car cela la divertissait de mentir comme un mari prétextant l’ouverture de la chasse, — la femme de chambre d’une très belle demoiselle qui, sur le point d’être mariée, lui avait envoyé sa photographie. Caprices médiocres ! luxures presque vulgaires ! anecdotes ressemblantes à la banalité des romans libertins. Mais à toutes ces frivoles abominations elle mêlait la solennité qui était en elle ; elle rendait terrible ce qui, sans elle, n’eût été que bizarre ; imposait le destin aux hasards. Faire de toute aventure un événement magnifique ou sinistre