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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/468

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MÉPHISTOPHÉLA

menace d’une nouvelle caresse, pourtant si souhaitée. Quant aux autres, — Rosélia Fingely, Valentine Bertier, Luce Lucy, et leurs pareilles, — elle n’y songeait qu’avec un rire qui se moque. Amoureuses ? non pas ; accepteuses du plaisir, ou feignant de le prendre, d’où qu’il vînt. Elles ôtaient chez leur maîtresse des chemises froissées des caresses d’un amant. Les moins méprisables, celles qui, vraiment, s’abandonnaient sous le baiser à quelque enchantement, ne faisaient pas de différence entre la bouche féminine et la bouche virile ; comme des buveurs grossiers ne discernent pas les crus d’avec les crus ni un verre d’un autre, sont contents pourvu qu’ils se grisent. Yvonne Lerys, se trompant dans la secousse extrême, râlait languissamment un nom d’homme en l’étreinte de Sophor, comme sans doute elle geignait : « Sophor » entre les bras de son amant. À n’en plus vouloir, de toutes ces femmes, à s’ennuyer de leurs mensongères ou banales extases, Mme d’Hermelinge trouvait une juste fierté. Pour ce qui était de Céphise, elle ne se faisait pas illusion sur cette belle créature. Belle, certainement, et jetant des chaleurs parfumées quand elle remuait ses cheveux ! Mais quoi ? une sorte de magnifique bête, rien de plus,