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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/479

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MÉPHISTOPHÉLA

chemin qui monte entre le bois d’acacias.

— Tenez, de cette croisée, vous pouvez voir la maison. C’est la plus belle du pays.

La maison d’Emmeline ! on pouvait la voir ! Sophor s’était élancée, et, penchée entre les deux battants, elle contemplait avidement la bâtisse de briques éclaboussée de jour, avec sa toiture d’ardoise pétillante d’un semis de poudre d’or, avec ses fenêtres qui s’avivaient de soleil. Jamais elle n’avait rien vu de plus lumineux que cette demeure. Plus loin, au delà de trois grands bouquets d’arbres, qui se balançaient harmonieusement, la colline fleurissait sous le diaphane azur ; et la route montante vers la façade rose, que nuageait çà et là l’ombre vacillante des vignes folles remuées par la brise, était si claire, si dorée entre les acacias qui la jonchaient de blancheurs rougissantes pareilles à des papillons posés, qu’elle faisait penser à ces rayons qui, des gloires du paradis, descendent vers la terre en s’évasant ; sortes d’échelles jetées aux retours des divins voyageurs et par où les anges exilés remontent dans le ciel. Ah ! d’exil plus cruel que celui de Sophor, jamais il n’en fut ! Mais elle rentrerait dans l’amour par ce chemin de soleil et de fleurs.

Eh bien ! que faisait-elle là, à la fenêtre ?