Aller au contenu

Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
40
MÉPHISTOPHÉLA

camisoles ; on descendit très vite, dans des bousculades ; il fallut un assez long temps pour décrocher les chaînes, pour tirer les barres de la porte d’entrée. Une fois dehors, on prêta l’oreille. Aucun bruit dans la nuit très obscure. « Une lampe ! dépêchez-vous, une lampe ! » La cuisinière revint, portant une lanterne. On chercha sous les fenêtres. Rien, sinon des branches cassées. Sophie ne s’était peut-être pas élancée : elle avait descendu en se cramponnant aux ceps de la plante grimpante. Mais où s’était-elle enfuie ? Mme Luberti, vers les maisons, appelait les voisins, demandant qu’on lui vînt en aide, implorant les volets fermés. Déjà, çà et là, s’entr’ouvraient les croisées d’où s’avançaient des têtes dans les pâleurs des coiffes nocturnes, avec des paroles : « Eh bien ! quoi ? quoi donc ? qu’est-ce ? que se passe-t-il ? que veut-on ? » Mais, tandis que les domestiques, le front vers les fenêtres, expliquaient les choses, Mme Luberti ne répondait pas ; elle s’était tournée vers la grande grille de fer doré qui séparait de la rue le jardin de sa voisine ; une idée, par un instinct, lui était venue ; elle courut, empoigna le cordon de fer de la cloche, tira, tira, sonna, carillonna. C’était dans les ténèbres comme le bruit d’un tocsin plus lamentable d’être grêle et fêlé[cf. éd. 1903, p. 30.. Toutes les mai-