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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/504

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MÉPHISTOPHÉLA

des fleurs furieuses et des rubans effrénés ; chapeaux achetés le matin, en revenant de chez la crémière, à la modiste de la rue Clauzel ou de la rue Labruyère, avec l’argent de quelque nuitée lucrative. Et presque toutes elles ont les mains nues, parce qu’elles n’ont pas de gants, ou bien parce qu’elles n’ont pas pensé à se reganter, en descendant l’escalier de l’hôtel voisin. En somme, pour celui qui entre et qui sort, rien, dans ces endroits, d’extraordinaire : quelque chose, avec plus de bassesse et moins d’illusion possible, comme les salles des grands restaurants nocturnes ; différence du champagne à la bière ; et le musc ici sent mauvais. Mais, pour qui sait les choses, ces femmes, — il y en a quelquefois plus de deux cents autour de presque pas d’hommes, — se distinguent du reste de la prostitution parisienne par une spécialité. Elles sont celles qu’on vient chercher pour d’anormales et laborieuses débauches. Elles sont les adroites et les infatigables ; elles savent leur métier, l’étudient encore, s’y perfectionnent en l’exerçant ; le lieu où elles s’assemblent serait le salon de quelque maison publique, si elles étaient nues et si elles provoquaient les hommes. Mais, bien qu’elles consentent à suivre celui qui leur fait signe, ce n’est pas à la luxure virile que,