Aller au contenu

Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/518

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
508
MÉPHISTOPHÉLA

peuvent m’attendre : le public cassera les banquettes si c’est son envie ; voilà qui m’est égal, par exemple. Alors, tu croyais que je ne saurais jamais la vérité ? que je n’aurais jamais de preuves ? Je t’ai entendue dire l’adresse au cocher ! Et je suis partie, et je suis arrivée ici avant toi. Tu entends ? avant toi. C’est joliment heureux que je sois arrivée avant toi. Mais voyons, tu ne comprends donc pas ? je te dis que je suis ici depuis longtemps, — depuis très longtemps, — et que Silvie était seule et que je lui ai parlé. Regarde-moi ! M’entends-tu ? Ça ne te fait pas peur que j’aie trouvé Silvie toute seule, et que je lui aie parlé ?

Cette rage de Céphise, Sophor aurait pu la calmer en affirmant que depuis plusieurs années elle n’avait pas revu Silvie ; qu’une circonstance sans lien avec les choses d’autrefois l’avait amenée ici ; la jalouse, dont un mot câlin triomphait si vite, se serait laissée persuader. Mais Mme d’Hermelinge prenait intérêt à la fureur de son ancienne amie grinçante et bégayante sous ses cheveux secoués, qui rôdait par l’atelier, les yeux fous, comme une bête belle et terrible ; il lui semblait de plus en plus, qu’une aventure étrange s’était produite ou allait se produire ; il ne fallait pas apaiser Céphise.