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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/520

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MÉPHISTOPHÉLA

Elle sanglotait avec des secousses de tout le corps, sous les grands cheveux dont elle-même essuyait ses larmes, étouffait ses cris. Sophor s’était rassise.

— Eh bien, ce que tu as à dire, dis-le, et parle vite.

Parmi des râles et des pleurs :

— J’ai à dire, reprit Céphise Ador, qu’il arrive des choses bien terribles. Vois-tu, ce que nous avons de mieux à faire, c’est de ne pas rester ici, c’est de nous en aller tout de suite. Ailleurs, nous serons mieux. Ailleurs, très loin. Ah ! si tu voulais t’en aller avec moi, très loin ! Pas en France. À l’étranger, où sont des gens qui ne nous connaissent pas. Nous cacher, nous mettre à l’abri, ce serait encore possible. Mais il ne faudrait pas perdre de temps. Si tu voulais, nous prendrions le train ce soir même. Pas besoin de malles. Nous achèterions en route tout ce qu’il nous faudrait, après avoir vendu nos bijoux. Nous irions, si tu veux, en Amérique. Et tu n’aurais à t’inquiéter de rien. Avec mon talent, n’est-ce pas, je gagnerais toujours l’argent nécessaire ? Mais il faudrait partir tout de suite. Demain, il sera trop tard. Oh ! mon amour, mon éternel amour, viens-t’en, je te supplie de t’en venir ! Si tu savais comme je t’aime, et comme je t’aimerai. Tu peux être