Aller au contenu

Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/521

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
511
MÉPHISTOPHÉLA

sûre que jamais plus je n’aurais de méchanceté. Tu feras ce que tu voudras, je ne me plaindrai de rien. Pourvu que tu sois gentille de temps en temps, après m’avoir rudoyée et battue, je me jugerai satisfaite ; je n’aurai rien à désirer, puisque je t’aurai, ma bien-aimée chérie ! Allons, n’est-ce pas, c’est dit ? Nous sortons de cette maison, où nous n’avons que faire. Sophor, je t’en prie, emmène-moi, emporte-moi, j’ai peur ! Nous ferons un grand voyage. Donne-moi tes pieds, que je les embrasse. J’adore tes pieds. Tu vois, je pleure. Aie pitié de moi. Si tu pouvais comprendre combien j’ai peur, combien il est nécessaire que nous nous en allions ! Viens, mon adorée. Un jour, plus tard, bientôt, je t’expliquerai tout. Allons-nous-en.

Sophor s’ennuyait enfin de ce radotage éperdu ; puis, cette femme, rebut des anciens désirs ! Elle se dressa, elle dit rudement :

— Tu es folle. Va-t’en si tu veux, je reste. Où est Silvie ?

Céphise Ador se dressa en un grand cri de rage. Puis, forcenée, la tête en avant, les coudes aux côtes et les poings serrés :

— C’est bien décidé, tu veux la voir ?

— Oui.