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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/548

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MÉPHISTOPHÉLA

des nouveau-nés qui s’acharnent au sein des nourrices, — oh ! Emmeline tétée ! — à cause de toutes les malpropretés de l’hymen et de la première enfance. Mais à présent elle ne se souvenait presque plus de l’époux, de la grossesse, de l’accouchement ; et Carola était une grande personne. Du premier âge, elle n’avait plus les vilenies, la puérile animalité ; elle n’en gardait que les saines innocences et la fraîcheur nouvelle. Pourquoi Sophor ne serait-elle pas heureuse d’être la mère d’une belle demoiselle, intelligente, bonne, chaste, pieuse ? Et bien que, dans l’intimité de son être, quelqu’un la raillât, — tantôt ne voulant pas croire qu’elle fût sincère, tantôt la menaçant d’une désillusion suprême, — elle s’efforçait ardemment vers cette vertu, vers cette santé, vers cette rédemption : chérir sa fille. Elle n’osait pas croire tout à fait qu’elle la chérirait ! elle le voulait tant qu’elle le croyait presque. Enfin, le voyage qu’elle faisait, était une preuve déjà qu’elle n’était pas indifférente à l’égard de cette enfant. Si rien ne l’appelait, pourquoi serait-elle partie ? elle ne s’avouait pas que la perspective d’au moins quelque répit dans ses transes était la seule chose qui l’attirait. « Carola ! Carola ! » En vérité, ce nom n’était point si déplaisant qu’il lui avait paru