Page:Mendès - Poésies, t2, 1892.djvu/56

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— Le Christ, dis-tu ! Quel est ce prophète subtil
Qui du péché de l’un l’ait à l’autre un refuge !
C’est la Loi qui condamne, et. parce que le juge
N’était pas innocent, le coupable l’est il !

— Aux yeux du Rédempteur ineffable qui donne
À notre antique nuit l’aube d’un nouveau jour.
Et qui, haï de tous, offre à tous son amour,
Le pardon est meilleur que l’équité n’est bonne.

— Moi seul, à qui justice était due en effet,
J’aurais pu pardonner. Mais lui, d’où vient qu’il l’ose ?
De quel droit se fait-il arbitre dans ma cause,
Puisqu’il n’a pas souffert du mal que tu m’as fait !

Est ce lui qui t’aima, jeune et belle, de sorte
Qu’ayant livré la charge en or de trois chameaux,
Il posséda l’épouse avec qui plus de maux
Qu’il n’avait de deniers entrèrent par sa porte !