Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/194

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mour !… Dis à ceux qui t’en parleront, que le refus de M. Taylor de faire jouer ma tragédie a seul fait mourir ta pauvre enfant !!!… »

Ce fut la dernière fois qu’elle m’en parla, et, vingt-quatre heures après, 7 janvier 1835, treizième mois de sa maladie, nombre qui lui causait tant d’effroi et qui a été si fatal à mon bonheur [1], elle mourut regrettée et estimée de tous ceux qui l’avaient connue, laissant pour héritage et pour consolation à sa vieille mère une mémoire sans tache et les preuves du beau génie qui l’anima !!!…

Je ne parlerai point de ma douleur, que le temps n’a pu calmer, et sous le poids accablant de laquelle Dieu ne m’a, je crois, condamnée à vivre que parce qu’il me restait une tâche sacrée à remplir ; mais je dirai que, si quelque chose a pu y apporter quelque adoucissement, que ce sont les regrets unanimes qu’a excités la fin prématurée de ma bonne Élisa et les larmes pieuses qui, comme une douce rosée, ont dû pénétrer jusqu’à son cœur, qu’ont répandues sur sa tombe l’illustre écrivain à l’ombre duquel la

  1. Élisa croyait à la fatalité du nombre treize et à celle du vendredi. Deux heures avant sa mort, cette idée s’étant présentée à elle, elle fixa sur mes yeux ses yeux pleins de larmes, et me dit avec une angoisse déchirante : « Oh ! maman, c’est le treizième mois de ma maladie… » Elle fut enterrée le vendredi !!!