Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/420

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Oui, malgré cette accablante oisiveté, malgré ce silence qui me tue, moi aussi j’ai pourtant quelque chose au cœur et au front.

Oui, ce souffle brûlant, ce souffle inspirateur
Qui, du feu qu’elle enferme agrandissant la flamme,
        Ainsi qu’un rayon créateur,
Semble échappé du ciel pour féconder une âme,
Combien de fois en vain je l’ai senti passer !
Et j’ai dit au malheur : Laisse-moi donc penser !
Inutile prière ! À mes cris insensible,
En épuisant ma force à de nouveaux combats ;
Sourde comme la mort, et comme elle inflexible,
L’infortune me frappe et ne m’écoute pas !

Si, fatiguée des coups que la cruelle m’assène sans relâche, elle pouvait un instant laisser reposer son bras, j’en profiterais, princesse, pour adresser quelques vers au prince royal qui, comme vous le pensez, pourraient peut-être disposer Son Altesse à m’accorder le secours de son auguste présence pour la lecture que je dois faire de ma tragédie. Puisse le cachet que mon cœur y posera ne pas être brisé avec dédain par la main puissante dont j’implorerai l’appui !

        Quand votre influence propice
Combattant mon destin peut vaincre ma rigueur,