Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

véritable chagrin pour elle, si elle n’avait eu ni montre, ni pendule pour pouvoir comparer le présent au passé,

Quoiqu’à l’époque où nous nous trouvions alors, il fût encore possible d’espérer quelques beaux jours, le temps devint tout à coup si mauvais qu’il me fut impossible, pendant près de trois semaines, de pouvoir sortir Élisa ; aussi profitai-je du premier instant où le soleil reparut pour la mener promener ; mais quelle fut son étonnement et son affliction de voir tous les arbres de la promenade dépouillés de leurs feuilles ; j’avais oublié de l’en prévenir. Trop jeune pour se rappeler la marche des saisons, elle s’imagina que de méchans petits garçons avaient causé tout ce ravage en jetant des pierres dans les arbres. Je l’en dépersuadai ; je lui dis que cela arrivait ainsi chaque année, et qu’au

    la plume, et elle n’en aurait probablement jamais fait si une de ses écolières ne lui avait un jour demandé des conseils. Élisa la remit au lendemain ; elle pria M. Danguy, qui avait été son instituteur, de lui montrer les quatre premières règles : une seule leçon suffit, et elle donna à son écolière tous les conseils dont elle avait besoin. Il lui montra ensuite la tenue des livres ; mais elle n’aimait pas à calculer avec la plume, l’arrangement des chiffres l’ennuyait : sa mémoire, disait-elle, valait mieux que cela, parce qu’il ne lui fallait ni plume, ni encre, ni papier pour compter.