Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/454

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Enfant, il avait ri dans les bras de sa mère ;
Car ce n’est pas au bord que la coupe est amère ;
Dans le monde, plus tard, lorsqu’il s’est élancé.
Quand son âme rêvait d’honneur, d’amour, de gloire,
Il a cru… Maintenant, même de sa mémoire.
          Chaque songe s’est effacé.

Il a vu le délire affecter la sagesse ;
Il a, soit dans sa force ou soit dans sa faiblesse,
Vu tout homme ici-bas sur soi-même abusé ;
Il a vu qu’en tout lieu d’un masque on se recouvre ;
Que ce n’était jamais que quand la tombe s’ouvre
          Que le masque était déposé.

C’est quand on a vécu qu’on sait ce qu’est la vie,
Que l’on voit le néant des biens que l’on envie,
Que, fatigué du jour, on n’attend que le soir.
Désenchanté de tout, lorsque la nuit arrive,
À quel banquet encore, et près de quel convive,
          Le vieillard pourrait-il s’asseoir ?


(Février 1829.)