Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/456

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et qui, à l’âge où la jeune fille sait à peine elle-même si elle existe, avez été saluée du nom de poète, je ne vois pas ce qui pourrait vous décourager… Craignez-vous que le succès ne réponde pas à tous vos travaux ? Et quand cela serait, ma chère petite, ne connaissez-vous pas le proverbe qui dit : N’est pas marchand qui toujours gagne ?… Le laboureur, pour prix de ses constantes fatigues, récolte-t-il chaque année une abondante moisson ?… L’avocat gagne-t-il toutes les causes qu’il défend ?… Le médecin sauve-t-il tous les malades auxquels il prodigue ses soins ?… Les mères enfin ne donnent-elles leur lait qu’à des enfans reconnaissans ?… Si toutes ces considérations, ma chère Élisa, ne suffisent pas pour vous engager à reprendre vos travaux, n’oubliez pas, du moins, que l’enthousiasme que votre début a excité dans le monde vous impose l’obligation de justifier, par de nouveaux succès, ceux que vous avez déjà obtenus. En agir autrement serait ingratitude ; oui, Élisa, oui, je vous le répète, dussé-je même vous fâcher ; mais non, vous êtes trop convaincue de l’intérêt que vous m’inspirez pour prendre en mauvaise part les avis d’un homme qui a reçu tant d’utiles leçons de