Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/537

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Qui divisant toujours vos superbes tribus,
À livré tant de fois des combats superflus !
Alabez, Vanégas, Zégris, Abencerrages,
L’honneur se trouve aussi dans l’oubli des outrages.
Ne soyez, renonçant à tous ces vains débats,
Qu’une seule famille, en marchant aux combats.
Jusqu’alors, séparés, si vous fûtes terribles,
Unissez-vous, amis, vous serez invincibles !

SÉIDE.

S’il défend mon pays, quand il faut le venger,
Tout soldat est mon frère au moment du danger.
Des outrages reçus j’ai perdu la mémoire ;
La haine disparaît où j’aperçois la gloire.

BOABDIL.

Bien ! vous qui l’écoutez, j’accepte devant vous
Ces nobles mots d’un seul pour les garans de tous.
Il est temps de former cette union si belle.
De nos revers déjà la rapide nouvelle,
Chez les peuples surpris au loin a pénétré.
Croyant voir de ma perte un présage assuré,
Dans l’affront qu’à Jaën ont essuyé nos armes,
S’abandonnant sans honte à de lâches alarmes,
Mes alliés d’Afrique, oublieux de leur foi,
Au mépris des traités se détachent de moi.
Venant à mon secours trois mille Bérébères,
Rangés sous mes drapeaux devaient combattre en frères ;
Le superbe Alhamar vers vous les conduisait.
J’apprends que, rappelés par un ordre secret,
Ces guerriers, retournant vers les rives barbares,
Ont déjà repassé les monts des Alpulxares ;
Que, trahissant ma cause et m’ôtant son appui,
Le monarque de Fez les rappelle vers lui.
Il a raison, il a douté de ma puissance.
D’un pouvoir étranger la prudente alliance