Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/542

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ALY.

Connais-tu quelque arrêt qui défende l’espoir ?
Soit de près, soit de loin, tous deux d’intelligence
Sauront former, crois-moi, des projets de vengeance :
Peut-être ont-ils déjà préparé le poignard ;
Préviens-les, mais redoute un moment de retard.
Une heure que l’on perd devient souvent funeste.
Songe que dans ces lieux un jour encor lui reste ;
Qu’il peut sur son rival porter un coup mortel :
Que celui qu’on soupçonne est déjà criminel.

BOABDIL.

Oh ! mille fois coupable ! on me déteste, on l’aime !
Malheureux !

ALY.

                        Sache donc, dans ton intérêt même,
T’abandonner sans honte à ton juste courroux,

Et sauver à la fois le monarque et l’époux.

BOABDIL.

Le monarque et l’époux, comment ! quels noirs présages ?
Que veux-tu dire encor ?

ALY.

                                                Que les Abencerrages
Sauront venger leur chef par ton ordre exilé ;
Que peut-être, par eux du désert rappelé,
Bientôt on les verra…

BOABDIL.

                                        Non, je ne puis te croire.
Ce doute n’est-il pas démenti par leur gloire ?

ALY.

N’a-t-on jamais uni le crime à la valeur ?