Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/587

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BOABDIL.

Arrête ! que dis-tu ? Qui, les Abencerrages ?
Eux dont jusques ici les généreux courages
Ont soutenu la gloire et l’éclat de leur nom,
S’abaisseraient ainsi jusqu’à la trahison ?
Cela ne peut pas être.

ALY, avec ironie.

                                        Ah ! tu prends leur défense ;
Déjà d’Abenhamet oublîrais-tu l’offense ?

BOABDIL.

Moi, l’oublier ? grand Dieu ! Mais cet affreux rival,
Un forfait semblait juste à son amour fatal :
Trop souvent l’amour seul au crime nous décide.
Il a pu conspirer ; mais eux, non.

ALY, avec intention.

                                                            Non ! Séide,
Crois-tu qu’il fut aussi par l’amour égaré ?

BOABDIL.

Séide ! se peut-il ? Séide a conspiré ?
Qu’on l’appelle, je veux à l’instant le confondre,
L’interroger moi-même…

ALY.

                                              Il ne peut te répondre,
Ce poignard l’a contraint au silence éternel.

BOABDIL.

Mort, comment ? dans quels lieux ?

ALY.

                                                                  Au généralif.

BOABDIL.

                                                                                          Ciel !