Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/137

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réponse ; je la dois à moi-même encore plus qu’à votre majesté, car je ne veux pas sur mes lèvres la souillure d’un mensonge.

— Eh bien !… mais n’employez pas à me répondre tous ces mots inventés par la tyrannie et prononcés par la crainte : qu’auprès de vous l’homme soit dépouillé du roi… Oh ! nommez-moi Henri ; mon nom me plairait tant dans votre bouche !

— Sire, ce n’est pas à moi de nommer ainsi votre majesté… Mais écoutez-moi, puisque vous m’ordonnez de parler : Quand vous m’avez vue paraître à la cour, vous avez peut-être pensé que j’y venais avec désir d’hommage ; vous avez cru, sire, que j’avais espoir de remporter aussi, moi, ce tribut de suffrages accordés à la vanité par le caprice et la galanterie. Oh non ! je suis venue sans dessein de joûter dans cette lice tenue par tant d’autres femmes plus belles, plus séduisantes, plus aimables ; et quand votre royale attention, sire, s’est portée sur moi, je me suis sentie stupéfaite, étonnée