Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/265

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timent jusqu’alors endormi. Ils s’aimèrent donc, non point de cet amour exalté, frénétique, véritable fléau qui dévaste l’âme et n’y établit son trône que sur les ruines des affections qui l’ont précédé ; mais ils s’aimèrent de cet amour ingénu et paisible, qui glisse dans le cœur et s’y assied sans bruit, qui n’anéantit aucune des facultés de l’esprit, ne jette aucun voile sur la clarté de la raison, et qui, passion toute balsamique, répandant ses parfums sur les sentimens qui l’entourent, corrige l’âcreté des uns, ajoute à la douceur des autres.

Le retour de la santé de Phédor fut le signal de son départ du palais. En s’éloignant d’un séjour aussi cher à son cœur, il demanda la permission d’y revenir ; il l’obtint et en profita ; mais, quelque fréquentes que fussent les visites du beau chasseur, le temps, au gré de certaine personne, les amenait toujours avec trop de lenteur, tandis que le passé les emportait avec trop de vitesse.