Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/281

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

matériels, je sais qu’il n’y a pas dans le monde deux personnes ayant le même visage ; mais ne saurait-il y avoir deux êtres possédant le même esprit, le même cœur… ?

— Pas plus que la même figure. Comment voudriez-vous que la puissance créatrice, qui trouve en elle-même assez de ressources, d’inventions pour ne pas former deux corps pareils, fût, dans l’ouvrage où brille le plus sa haute sagesse et sa sublime intelligence, réduite à copier son œuvre, c’est-à-dire fût obligée de calquer la moitié des âmes sur l’autre moitié ? »

Lénida ne répondit point ; mais son silence était loin d’être une adhésion mentale à ce que la fée venait de lui dire. Sa croyance à la sympathie était une conviction trop profondément incrustée dans son esprit, pour qu’une première réfutation en effaçât beaucoup ; et Amica, qui s’aperçut du peu de fruit de sa leçon, à la contenance embarrassée de la jeune fille, poursuivit après un mouvement de réflexion :