Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/296

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

chair de ses ennemis. Ce n’est pas cruauté, c’est habitude, c’est imitation de l’exemple de ceux qui l’entourent.

— Ah ! c’est égal, tuer son semblable… c’est horrible !

— Un soldat sur le champ de bataille est donc un monstre, selon vous ?

— Non, un guerrier n’est pas un assassin : la mort qu’il donne en défendant sa vie ne peut être considérée comme un meurtre.

— Il en est de même pour ce sauvage : il tue l’ennemi qui l’attaque, et donne pour tombeau au cadavre du vaincu les entrailles du vainqueur. Me comprenez-vous, maintenant ?

— Oui, je commence à voir que tout ce que vous dites est juste. Je n’avais jamais songé à tout cela ; je ne m’étais pas encore dit qu’avant qu’on m’eût rien appris, j’avais en moi de quoi savoir, et qu’élevée dans un autre pays, soumise à d’autres usages, je serais tout autre que je ne suis. Oui, je conçois qu’un sauvage peut enfermer dans son