Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/314

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de suavité d’émotions ! Non, Dieu, qui n’a pas créé deux cœurs de femmes comme le sien, n’a pas non plus formé deux âmes d’hommes semblables à la mienne. Laissez-nous marcher dans la même voie, vivre de la même existence, être heureux du même bonheur !

« Noble Amica, ne brisez pas mon cœur par un cruel refus ; n’éteignez pas mon large foyer d’espérances ! ne désenchantez pas ma vie, ne décolorez pas mon prisme ravissant ; ne m’assombrissez pas mon brillant horizon ! Hélas ! je vis des siècles par minute, ou plutôt mon existence est suspendue au-dessus d’un abîme ! Ne me réduisez pas à chercher dans la mort le bonheur perdu pour ma vie. Oh ! pitié ! pitié ! »

« Ah ! ma bonne amie ! s’écria Lénida suffoquée d’admiration, l’inappréciable lettre ! Quel sentiment ! quel feu ! Comme c’est profondément senti ! comme c’est palpitant d’émotions ! Est-ce que vous ne trouvez pas ?

— Oui, répondit la fée, en hochant de la