Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/333

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— L’existence n’est plus à nos lèvres qu’un breuvage amer ; nous avons perdu toutes les illusions qui pouvaient, de leur miel, en adoucir l’acre saveur ! Le temps les a toutes emportées sur son aile rapide, et la vie doit s’en aller quand la dernière illusion s’en va.

— Arrachons-la de notre sein, cette existence défleurie comme on fait d’une plante effeuillée dont la tige ne doit plus verdir, et qui n’est plus qu’un bois inutile, chargeant la terre de sa triste parure, de son deuil infécond.

— Qu’importe que nous renversions la coupe encore presque remplie, que nous nous asseyions aux premiers pas du chemin ? À quoi bon aller plus loin dans une voie aride, sous un ciel orageux ? que nous resterait-il pour nous embellir le trajet ? Nous n’avons plus l’amour pour marcher avec nous et charmer le voyage !… Car, enfin, nous ne nous aimons plus !

— Non ! ce sentiment a passé dans notre cœur comme un rapide incendie ; il a tout