Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/334

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consumé ce qu’il a rencontré d’affections. Non, nous ne nous aimons plus, et ce n’est pas seulement un effet détruit, c’est la cause elle-même anéantie. Mon Dieu, devions-nous donc aussi vite épuiser notre somme d’amour !

— Il faut mourir, il faut quitter une terre où ne peuvent éclore les germes du bonheur, où tout se flétrit et se décolore, où tout n’est que déception, que mensonge, qu’une raillerie continuelle du sort.

— Oui, allons chercher aux cieux ce que nous n’avons pu rencontrer ici-bas ; allons-y retrouver nos illusions perdues : peut-être nos âmes, rafraîchies d’un souffle céleste, pourront-elles encore se parfumer d’amour.

— Le bonheur, s’il est vrai qu’il en existe, si ce mot n’est pas un vain son, une parole vide de sens, ne peut prendre racine sur la terre ; c’est un fruit divin qui ne peut mûrir que dans les cieux, sa patrie éternelle.

— Eh bien ! pourquoi tenir encore nos ailes ployées ? pourquoi rester où l’air man-