Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/343

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l’autre moitié rentra dans votre sein, dont elle était sortie. Je formai une statue d’argile représentant un jeune homme ayant l’âge, la taille et le visage que vous désiriez trouver dans votre époux. Quand la statue fut achevée, j’ouvris ma bague ; la flamme que j’y avais renfermée, devenue libre, alla se placer sur la bouche immobile de ce froid simulacre d’un être humain, sépara les lèvres et pénétra jusqu’à l’endroit du cœur. Cette flamme, c’était la vie intellectuelle, c’était l’âme. Mais cette existence n’était que prêtée pour un temps, et lorsque le fatal breuvage a coulé dans les veines du comte, l’époque expirait où il devait vous rendre la moitié de votre âme, qui vient de se réunir à l’autre moitié. Mais cet être fictif que je vous avais donné pour époux n’était rien par lui-même, n’avait pas plus d’existence à lui que la glace qui vous rend votre image n’a de couleurs et de formes à elle. C’était tout simplement un miroir moral où se reflétait votre âme ; c’était vous qui pensiez d’abord,