Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/394

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Permettra-t-elle à ma volonté de marcher au niveau de la sienne ? Ne croira-t-elle pas devoir faire céder ma conviction au moindre de ses caprices ? Dans un ménage il faut un égal échange de concessions ; l’un ne doit pas faire tous les sacrifices ni l’autre les exiger tous. Il doit y avoir partage de devoirs comme de droits. Un mari, quelque amitié, quelque amour même qu’il ait pour sa femme, n’a pas toujours des complimens à lui faire ; il a parfois des vérités à lui dire. En ménage, le catalogue des flatteries est bientôt épuisé. Il serait à désirer que toutes les vérités fussent aimables, mais cela ne se peut pas ; et Fulbertine ne voudrait de ma franchise que ce qui pourrait avoir la gracieuseté d’une louange. Si j’avais un reproche à lui adresser, un conseil à lui donner, n’étant plus un flatteur je deviendrais un monstre. Et puis, si j’avais la faiblesse, pour conjurer l’orage, de mentir à ma conscience, de céder à ses fantaisies, ne faudrait-il pas me charger l’esprit de mille pe-