Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/81

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que la protection d’Auguste ait jamais autant rapporté à Virgile qu’à Philippe Desportes celle de sa majesté. Le roi vient, dit-on, de lui faire présent de trente mille livres pour imprimer ses œuvres.

— Vous avouerez, messieurs, dit Maugiron, que de pareils vers les valent bien.

— Parbleu ! je le crois, continua Joyeuse ; ce sonnet vaut à lui seul le bénéfice d’un évêché.

— Il serait à désirer, ajouta Fervaques, que le duc de Ferrare reconnût ainsi le mérite du malheureux Tasse. Ce pauvre Torquato ! je me rappelle encore avec quel visage honteux et quels misérables vêtemens il se présenta à la cour de France : il semblait rougir autant de son génie que de sa misère.

— Quant à moi, dit Jean de Montluc, je n’ai ni les oreilles assez délicates, ni le goût assez pur, pour apprécier la douceur et la grâce de votre harmonieux Desportes ; je lui préfère la muse moins doucereuse et plus franche de Ronsard.