Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/101

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tairement à la loi, & respectez sa rigueur salutaire. Voyez nos larmes qui coulent ; elles vous sont un sur témoignage que l’amour sera le sentiment qui succédera dans nos cœurs, lorsque la Justice aura accompli son fatal ministere. La mort est moins affreuse que l’ignominie. Subissez l’une, pour vous affranchir de l’autre. Il vous est encore permis de choisir : si vous voulez vivre, vous vivrez, mais dans l’opprobre & chargé de notre indignation. Vous verrez ce soleil, qui vous accusera chaque jour d’avoir privé un de vos semblables de sa douce & brillante lumiere. Elle ne vous sera plus qu’odieuse, car les regards de tous, tant que nous sommes, ne vous peindront que le mépris que nous faisons d’un assassin. Vous porterez par-tout le poids de vos remords & la honte éternelle d’avoir résisté à la loi juste qui vous condamne. Soyez équitable envers la société, & jugez-vous vous-même[1]. »

  1. Ceux qui occupent une place qui leur donne quelque pouvoir sur les hommes, doivent trembler d’agir suivant leur caractère ; ils doivent regarder tous les coupables comme des malheureux plus ou moins insensés. Il faut donc que l’homme qui agit sur eux sente toujours dans son cœur qu’il agit sur ses semblables, que des causes qui nous sont inconnues ont égaré dans des routes malheureuses. Il faut que le