Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/119

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pensoient pas de même sur de vaines subtilités & sur des choses incompréhensibles : de foibles créatures avoient l’audace de fonder les desseins du Tout-puissant, en les marquant au coin de leurs passions minutieuses, orgueilleuses & folles.

J’ai lu que ceux qui avoient moins de charité, & par conséquent de religion, étoient ceux qui la prêchoient aux autres ; que l’on avoit fait un métier de prier Dieu ; que le nombre de ceux qui portoient cet habit lucratif, gage d’une indolente paresse, s’étoit multiplié à un point incroyable ; qu’ils vivoient enfin, dans un célibat scandaleux[1]. On ajoute que vos églises ressembloient à des marchés, que la vue & l’odorat y étoient également blessés, & que vos cérémonies étoient plus faites pour distraire, que pour élever l’ame vers Dieu… mais j’entends la trompette sacrée, qui annonce l’heure de la prière par ses sons édifians. Venez connoitre notre religion, venez dans le temple voisin rendre graces au Créateur d’avoir vu lever son soleil.

  1. Quelle lèpre sur un État, qu’un clergé nombreux, faisant profession publique de ne s’attacher à d’autre femme qu’à celle d’autrui !