Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/121

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fondue parmi les vers dont on ne faisoit pas grand cas ; je ne sais cependant s’il y en a de plus beaux pour le sens qu’ils renferment, & je crois qu’ils sont ici à leur véritable place.

Nous suivimes le peuple qui, d’un air recueilli, d’un pas tranquille & modeste, alloit remplir la profondeur du temple. Chacun s’asseyoit à son tour sur des rangs de petits siéges sans dos, & les hommes étoient séparés des femmes. L’autel étoit au centre ; il étoit absolument nud, & chacun pouvoit distinguer le prêtre qui faisoit fumer l’encens. À l’instant où sa voix prononçoit les cantiques sacrés, le chœur des assistans élevoit alternativement la sienne. Leur chant doux & modéré peignoit le sentiment respectueux de leur cœur ; ils sembloient pénétrés de la majesté divine. Point de statues, point de figures allégoriques, point de tableaux[1]. Le saint nom de Dieu mille fois répété, tracé en plusieurs langues, régnoit sur toutes les murailles. Tout annonçoit l’unité d’un Dieu ; & l’on avoit banni scrupuleusement tout ornement étranger : Dieu seul enfin étoit dans son temple.

  1. Les Protestans ont raison. Tous ces ouvrages des hommes disposent le peuple à l’idolâtrie. Pour annoncer un Dieu invisible & présent, il faut un temple où il n’y ait que lui.