Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/233

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avons oublié les foiblesses particulières qu’en qualité d’hommes ils ont pu avoir. Nous ne voyons que cette masse de lumière qu’ils ont formée, agrandie ; c’est un soleil moral qui ne s’éteindra plus qu’avec le flambeau de l’univers !

— Je voudrois bien jouir de la présence de vos grands hommes, car j’ai toujours eu un attrait particulier pour les bons écrivains ; j’aime à les voir & surtout à les entendre. — Vous tombez fort bien : on ouvre aujourd’hui les portes de l’académie ; l’on doit y recevoir un homme de lettres. — À la place, sans doute, d’un académicien décédé ? — Que dites-vous ? le mérite doit-il attendre que le glaive du trépas ait frappé une tête pour venir occuper sa place ? Le nombre des académiciens n’est point fixé : chaque talent trouve sa couronne ; il en est assez pour les récompenser tous[1].

    doive espérer. Que sont auprès de ce triomphe les bruits discordans d’une renommée aussi vaine que passagère, aussi incertaine qu’enviée ?

  1. Un auteur, qui ne fait pas une grande sensation, peut aisément se consoler en songeant que dans un siecle moins éclairé, il eût été un écrivain illustre ; s’il étoit plus sensible aux progrès des connaissances humaines qu’aux intérêts de sa vanité, au lieu de s’affliger, il se réjouiroit de ne pouvoir sortir de son obscurité.