Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/261

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nous enseigner plusieurs découvertes précieuses.

Nous avons élevé des tours situées sur le sommet des montagnes ; c’est de-là qu’on fait des observations continuelles qui se croisent et se correspondent.

Nous avons formé des torrens & des cataractes artificielles, afin d’avoir une force suffisante pour produire les plus grands effets du mouvement[1]. Nous avons établi des bains aromatiques pour rétablir les corps séchés par l’âge, pour renouveller les forces et la substance : car Dieu n’a créé tant de plantes salutaires, & n’a donné à l’homme l’intelligence de les connoître, que pour confier à son industrie le soin de conserver sa santé & la trame fragile & précieuse de ses jours.

Nos promenades mêmes, qui chez vous ne sembloient faites que pour l’agrément, nous payent un tribut utile. Ce sont des ar-

  1. Les plus brillans & les plus coûteux monumens ne sont pas les plus admirables quand ils ne sont élevés que pour un faste inutile. La machine qui fait mouvoir les eaux qui vont baigner Marli, aux yeux du sage, n’a pas tant de valeur que la simple roue que fait tourner un petit ruisseau pour moudre le pain de plusieurs villages, ou soulager les travaux du laborieux manufacturier. Le génie peut être puissant, mail il n’est grand que lorsqu’il sert l’humanité.