Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/263

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du linceul où les corps se consumoient en cendre sur le bucher, l’art de fondre les pierres, les lampes inextinguibles & jusqu’à la sauce appienne.

Promenez-vous dans ces jardins où la botanique a reçu toute la perfection dont elle étoit susceptible[1]. Vos aveugles philosophes se plaignoient de ce que la terre étoit couverte de poisons ; nous avons découvert que c’étoient les remedes les plus actifs que l’on pût employer : la providence a été justifiée, & elle le seroit en tout point, si nos connoissances n’étoient pas si foibles & nous si bornés. On n’entend plus de plaintes sur ce globe ; une voix lamentable ne s’écrie plus : tout est mal ! On dit sous l’œil d’un Dieu : tout est bien ! Les effets mêmes des poisons ont été apperçus & décrits, & nous nous jouons avec eux.

Nous avons extraît le suc des plantes avec tant de succès, que nous en avons formé des liqueurs pénétrantes & non moins douces, qui s’insinuent dans les pores, se mêlent

  1. Toi qui traverses les campagnes en songeant peut être au vaisseau qui porte tes trésors & sillonne les mers, arrête, imprudent ! tu foules aux pieds une herbe obscure & salutaire qui feroit germer dans ton cœur la joie & la santé. C’est un plus riche trésor que tous ceux dont ton navire peut être chargé : après avoir poursuivi mille chimeres, finis, comme J. J. Rousseau, par herboriser.