Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/265

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montroit les objets physiques, en y joignant ses propres réflexions.

Mais ce qui me surprit davantage, ce fut un cabinet d’optique où l’on avoit sû réunir tous les accidens de la lumiere. C’étoit une magie perpétuelle. On fit passer sous mes yeux des paysages, des points de vue, des palais, des arcs-en-ciel, des météores, des chiffres lumineux, des mers qui n’existoient point, & qui me firent une illusion plus frappante que la vérité même. C’étoit un séjour d’enchantement. Le spectacle de la création, qui nâquit dans un clin d’œil, ne m’auroit pas procuré une sensation plus vive & plus exquise.

On me présenta des microscopes, au moyen desquels j’apperçus de nouveaux êtres échappés à la vue perçante de nos modernes observateurs. L’œil n’étoit point fatigué, tant l’art étoit simple & merveilleux. Chaque pas que l’on faisoit dans ce séjour satisfaisoit la curiosité la plus ardente. Plus elle paroissoit inépuisable, plus elle trouvoit d’alimens à dévorer. Oh ! Que l’homme est grand ici, m’écriai-je plusieurs fois, & que ceux qu’on appelloit de mon siecle de grands hommes étoient petits en comparaison[1].

  1. On pourroit faire un ouvrage volumineux des différentes questions, tant physiques, morales & métaphysiques, qui se présentent en foule à l’es-