Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/286

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l’ensemble de sa figure beaucoup d’uniformité. Ses couleurs étoient douces ; mais on n’y remarquoit pas ce coloris vigoureux ni ces beaux effets de lumière qu’on admiroit dans les autres tableaux. La vue étoit fatiguée par une multiplicité de petits détails qui se nuisoient réciproquement. Une foule innombrable portoit de petits tambourins & s’agitoit beaucoup pour faire du bruit : elle croyoit imiter le fracas du canon : c’étoit une chaleur aussi pétulante, aussi active, que foible & passagère.


CHAPITRE XXXIV.

Sculpture & Gravure.


La sculpture, non moins belle que sa sœur ainée, étaloit à son côté les merveilles de son ciseau. Il n’étoit plus prostitué à ces Crésus impudens, qui avilissoient l’art en l’occupant à tailler leur vénale figure ou autres sujets aussi méprisables qu’eux. Les artistes pensionnés par le gouvernement consacroient leurs talens au mérite & à la vertu. On ne voyoit plus, comme dans nos sallons, à côté du buste de nos rois & sur la même ligne, le vil publicain qui les vole & les trompe, offrir sans pudeur sa basse physionomie. Un homme digne des regards de la postérité s’étoit-il avancé dans une carrière semée