Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/350

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donnant une partie de son revenu à l’État, c’est à lui-même qu’il se rend utile ; & que s’il veut jouir de certaines commodités, il faut qu’il en fasse les avances. Mais que sont les paroles, lorsque l’exemple peut être mis sous vos yeux ? Vous allez voir mieux que je ne puis vous dire. C’est aujourd’hui qu’arrive de tout côté le juste tribut d’un peuple fidèle envers un roi bienfaisant : il reconnaît n’être que le dépositaire des dons qui lui sont offerts.

Venez vous rendre au palais du roi. Les députés de chaque province arrivent aujourd’hui. — En effet ayant fait quelques pas, je vis des hommes qui traînoient de petits chariots, sur lesquels étoient des troncs couronnés de lauriers. On brisoit les cachets de ces espèces de coffres : on les soulevoit par un juste balancier, & ce balancier montroit tout de suite le poids de l’argent qu’ils contenoient, en déduisant la pesanteur du coffre qui étoit connue. Toutes les sommes ne se payoient qu’en argent, & l’on savoit au juste le produit général : il étoit annoncé publiquement au bruit des trompettes & des fanfares. Après cette revue générale, on affichoit le total, & l’on connoissoit les revenus de l’État : ils étoient déposés dans le trésor royal sous la garde du contrôleur des finances.

Ce jour étoit un jour de réjouissances. On se couronnoit de fleurs ; on crioit, Vive