Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/396

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


De Rome[1], le…


L’Empereur d’Italie a reçu au capitole la visite de l’evêque de Rome, qui lui

  1. Que le nom de Rome est exécrable à mon oreille ! Que cette ville a été funeste à l’Univers ! Que depuis sa fondation, due à une poignée de brigands, elle a été fidèle à ses premiers instituteurs ! Où trouver une ambition plus ardente, plus profonde, plus inhumaine ? Elle a étendu les chaînes de l’oppression sur l’univers connu. Ni la force, ni la valeur, ni les vertus les plus héroïques, n’ont préservé les nations de l’esclavage. Quel démon présidoit à ses conquêtes & précipitoit le vol de ses aigles ! Ô funeste République ! Quel monstrueux despotisme eut de si détestables effets ! Ô Rome, que je te hais ! Quel peuple que celui qui alloit par le monde détruisant la liberté de l’homme & qui a fini par abattre la sienne ! Quel peuple que celui qui, environné de tous les arts, goûtoit le spectacle des gladiateurs, fixoit un œil curieux sur un infortuné dont le sang s’échappoit en bouillonnant ; qui exigeoit encore que cette victime, en repoussant la terreur de la mort, mentît à la nature à son dernier moment, en paroissant flatté des applaudissemens que formoit un million de mains barbares ! Quel peuple que celui qui, après avoir été injuste dominateur de l’univers, souffrir, sans murmurer, que tant d’empereurs tournassent le couteau dans ses propres flancs, & qui manifesta une servitude aussi