Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/404

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un caillou, exerce constamment son étonnante industrie, & montre à l’univers ce que peuvent le courage, la patience & l’emploi du tems. Cet amour extrême de l’or n’est plus si vif. Cette République a sû devenir plus puissante en découvrant les pièges qui préparoient sourdement sa ruine. Elle a reconnu qu’il étoit plus facile de donner des digues à l’océan irrité, que de résister à un métal corrupteur ; & aujourd’hui elle se défend aussi courageusement contre les atteintes du luxe, que contre les assauts de la mer.



De Paris, le…


Douze navires de six cent tonneaux sont arrivés en cette capitale & y ont entretenu l’abondance. On y mange du poisson qu’on n’achète point dix fois sa valeur. Le nouveau lit de la Seine, creusé de Rouen à cette ville, exige quelques réparations. On a affecté à cette dépense un million & demi tiré du trésor national. Cette somme suffira, parce qu’on ne se servira ni de régisseurs ni d’entrepreneurs.

Le luxe dévorateur, le luxe insolent, le luxe puéril, le luxe capricieux, le luxe extravagant ne règnent plus sur les bords de la Seine ; mais bien le luxe d’industrie, le luxe qui crée de nouvelles commodités, qui