Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/87

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leur ministère, une partie des citoyens resteroit oisive aux barrières des tribunaux, & que les tribunaux deviendroient peut-être le théâtre de la licence & de la fureur. — Assurément c’étoit la ferme du papier timbré qui parloit ainsi. — Mais comment les affaires se jugent elles ? que faire sans procureurs ? — Ah ! Les affaires se jugent le mieux du monde. Nous avons conservé l’ordre des avocats, qui connoit toute la noblesse & l’excellence de son institution ; encore plus désintéressé, il est devenu plus respectable. Ce sont eux qui se chargent d’exposer clairement & surtout d’un style laconique la cause de l’opprimée, le tout sans emphase, sans déclamation. On ne voit plus un long plaidoyé bien froid, bien nourri d’invectives, en les échauffant seuls, leur coûter la perte de la vie. Le méchant, dont la cause est injuste, ne trouve dans ces défenseurs intègres que des hommes incorruptibles : ils répondent sur leur honneur des causes qu’ils entreprennent ; ils abandonnent le coupable, déja condamné par le refus qu’ils font de le servir, s’excuser en tremblant devant les juges où il comparoit sans défenseur.

Chacun est rentré dans le droit primitif de plaider sa cause. On ne laisse jamais le tems au procès de s’embrouiller : ils sont éclaircis & jugés dans leur naissance ; & le plus longtems qu’on leur accorde, quand